Modalités de remboursement
des consultations psychologiques
Jusqu'au mois d'Avril 2022 aucun psychologue libéral n'avait la possibilité de se lier par convention avec la Sécurité Sociale : les consultations en cabinet privé ne pouvaient donc pas être remboursées par cet organisme.
Depuis Avril 2022, les psychologues libéraux volontaires peuvent choisir de s'affilier à la Sécurité Sociale.
Après plusieurs révisions des modalités et plusieurs dénominations ("MonPsy" puis "MonParcoursPsy"), la version actuelle du dispositif s'appelle "MonSoutienPsy" :
Elle propose à toute personne âgée d'au moins 3 ans : un remboursement d'un maximum de 12 séances ... sous réserve que votre problématique fasse partie des problématiques ouvrant le droit d'accès à ce dispositif.
> A l'heure actuelle (août 2024) et sur la base des statistiques auxquelles j'ai pu avoir accès : environ 7 % des psychologues libéraux se sont conventionnés et font donc partie de ce dispositif.
Non seulement c'est très peu mais depuis avril 2022 la statistique ne cesse de décroître...
La suite ci-dessous vous donnera une partie de l'éclairage.
Ne souhaitant pas présager des raisons propres à chacune de mes consoeurs et chacun de mes confrères je n'expose que mes propres arguments majeurs. Je sais qu'ils sont partagés par nombre d'entre eux, je sais également qu'il existe des arguments complémentaires.
> Je vous invite à bien vous renseigner sur les modalités d'accès au dispositif MonSoutienPsy, accessibles sur le site Ameli.fr via le lien ci-dessous (vous y trouverez également un annuaire des psychologues affiliés à ce dispositif) :
En ce qui me concerne et en l'état actuel des choses, j'ai décidé de ne pas intégrer ce dispositif.
J'aspire depuis très longtemps au remboursement intégral des consultations psychologiques pour toute la population : l'accompagnement et le soin psychologiques sont à proprement parler des services d'utilité publique qui devraient être accessibles à tous et à toutes, sans faire l'objet d'aucun frais pour le demandeur - au même titre qu'une consultation chez un médecin généraliste.
Le manque de moyens financiers ne devrait pas être un obstacle au soin.
Mais alors pourquoi refuser de s'affilier quand justement les consultations sont remboursées ?
Pour deux raisons principales :
1) La rémunération imposée de 50 euros bruts par consultation
Sur la base d'un volume horaire compatible avec une vie personnelle et une fois retirées les différentes charges qui nous incombent (notamment : loyer, charges locatives, assurances, mutuelle, prévoyances, électricité, cotisations sociales etc): il n'est pas possible de vivre décemment de sa profession.
Quand je dis "décemment" je dis : la rémunération qui fait que vous pouvez vous loger, vous nourrir, vous chauffer, accéder à un moyen de transport, vous occuper de vos enfants ...
2) La limitation de l'accès au remboursement
Le soutien psychologique et la psychothérapie (entre autres compétences des psychologues clinicien.nes) sont des soins préventifs et curatifs dont l'efficacité est aujourd'hui scientifiquement avérée.
Or le dispositif ne permet le remboursement que des soins pour des problématiques occasionnant (je cite) "une souffrance psychique d'intensité légère à modérée"
Quelle serait votre réaction si votre médecin traitant ou l'un de vos médecins spécialistes (cardiologue, gynécologue, oncologue etc) vous disait que ses soins ne sont remboursés qu'en cas de souffrance physique d'intensité légère à modérée ?
Je ne vous fais pas l'offense d'écrire la réponse qui nous vient à toutes et à tous spontanément.
Sont également exclus du dispositif (je cite) "les enfants de moins de 3 ans" !
Depuis quand les enfants de moins de 3 ans n'ont-ils pas besoin de soins psychologiques ?!
Cela fait des années que la science affine sa connaissance et sa compréhension du développement psychologique de l'être humain - y compris chez les bébés et les très jeunes enfants : cette même science a prouvé depuis bien des années maintenant que ces bébés et très jeunes enfants ressentent de la souffrance psychique d'intensités diverses.
Eux aussi ont besoin d'être accompagnés psychologiquement, eux aussi ont droit au soin.
D'autres situations de santé mentale sont exclues de ce dispositif, je ne vais pas en faire la liste : elle est accessible sur le site ameli.fr dont le lien est accessible ici.
Leur exclusion est tout aussi inacceptable que les exemples mentionnés précédemment.
Le soin psychologique est aussi essentiel, important et vital que le soin médical.
Le remboursement des soins doit être pour tous et quel que soit le souci de santé.
Vos consultations chez votre médecin traitant vous sont remboursées, que vous veniez pour un renouvellement d'ordonnance, un rhume, une grippe ou un cancer.
Vos consultations chez un.e psychologue doivent être remboursées quelle que soit l'intensité de votre souffrance et y compris en son absence : cela s'appelle la prévention et la consolidation du rétablissement.
Pour conclure : je nous souhaite à tous un dispositif respectueux des psychologues comme des consultant.es.
Même s'il y a eu du progrès depuis le tout premier dispositif MonPsy de 2022, malheureusement nous n'y sommes toujours pas...
Lorsque les honoraires seront réévalués dignement (comme chez les médecins...)
Lorsque le nombre de séances remboursées sera illimité (comme chez les médecins...)
Lorsque tous les âges auront droit aux soins (comme chez les médecins...) :
Alors j'intègrerai avec joie un tel dispositif.
Parce qu'il sera correct, digne, humain.
Réellement efficace.
D'ici-là, c'est un grand non.
Des miettes de dignité cela n'existe pas
Là où il n'y a que des miettes il n'y a pas de dignité
La dignité est un essentiel pour la vie et pour l'âme : je la défendrai encore et toujours.